Search

Valérie Zenatti : « Ce qui m’unit à Aharon Appelfeld, c’est ce que j’entends quand je le traduis »

categorie litterature Valérie Zenatti : "Ce qui m'unit à Aharon Appelfeld, c'est ce que j'entends quand je le traduis"

Rencontre avec la traductrice Valérie Zenatti pour sa traduction de « La stupeur » d’Aharon Appelfeld, à paraître le 8 avril et la traduction révisée de « L’héritage nu » aux éditions de l’Olivier.

Aharon Appelfeld Crédits : Patrice Normand

Retour avec la traductrice Valérie Zenatti sur le parcours du grand écrivain israélien Aharon Appelfeld né en 1932 à Czernowitz, ville située à l’époque en Roumanie et qui se trouve aujourd’hui en Ukraine. Elle s’y était rendue sur ses traces, peu après sa disparition en 2018, comme elle l’évoquait dans son livre Dans le faisceau des vivants (L’Olivier, 2019)

La Stupeur est la dernière œuvre d’Aharon Appelfeld publiée de son vivant.

En 1941, à la veille de l’invasion de l’Ukraine par les troupes allemandes, un gendarme pointe son arme sur une famille juive, obligeant le père, la mère et leurs deux filles à rester à genoux devant leur magasin. C’est Iréna, une paysanne qui, de sa fenêtre, découvre la scène d’humiliation et de torture. Et qui ne pourra rien pour empêcher le massacre de ses voisins. Cet événement agit sur elle comme un électrochoc ; Iréna, folle de douleur, fuit les lieux du crime. Mais elle fuit aussi son mari brutal qui a transformé leur vie conjugale en viol permanent. Au cours de son périple, elle prend conscience de la situation : les atrocités antisémites et le typhus dévastent la région, la font basculer dans l’horreur. « Parce que Jésus était juif, c’est lui qu’on assassine lorsqu’on s’attaque aux Juifs », répète-t-elle à l’envi.

Ce roman puissant, d’une incroyable modernité, met en scène le face à face entre la cruauté du monde et la détermination d’une femme qui ne songe qu’à le réparer, inspirée sans le savoir par les préceptes de la Kabbale.

Valérie Zenatti Crédits : Hannah Assouline

Une autre traversée de l’Ukraine

« La première et dernière fois que je suis allée en Ukraine, c’était en Février 2018, après la mort d’Aharon Appelfeld, mais ce contact très physique avec les paysages et les visages qu’il y a dans son livre, a fait que la traduction de cette œuvre a été pour moi, une autre traversée de l’Ukraine, plus imaginaire, mais tout aussi présente. Ce livre est ma treizième traduction de l’œuvre d’Aharon Appelfeld, et je crois que la traduction, il faut l’aborder avec ce mélange de confiance et d’humilité, parce que cela reste un infini, mais je pense qu’il y a une certaine acuité qui m’est venue au fil des ans et des œuvres, et qui m’a permis de pénétrer dans son paysage perdu. En général, quand je traduis, j’entends et je vois, et à travers ce livre,  j’ai vu un peu plus précisément. En fait, ce qui m’unit à Aharon Appelfeld, c’est ce que j’entends quand je le traduis. » Valérie Zenatti

Un examen de conscience toujours nécessaire

« La force de l’œuvre d’Aharon Appelfeld est d’être à la fois, dans une réalité accessible à tous, parce qu’il n’a pas besoin de dire pour qu’on comprenne, mais aussi de résonner dans une dimension historique et intemporelle. On ne peut pas parler de ce livre, sans parler de ce qui se passe en Ukraine aujourd’hui, notamment de la manipulation monstrueuse de l’histoire par Poutine quand il parle de dénazification de l’Ukraine. Par ce mensonge, il va à la source de ce qui hante le livre, le pays et même l’Europe. Pour Aharon Appelfeld, après la seconde guerre mondiale et le régime nazi, il n’y a pas eu l’examen de conscience nécessaire, à savoir la réflexion de chaque être humain sur la façon de vivre après de telles ténèbres. » Valérie Zenatti

Archives

Aharon Appelfeld, émission La bibliothèque étrangère, Francesca Isidori, France Culture, 29/07/2007

Paul Celan lit son poème Todesfugue archive de 1952

Musique de fin

Olivia Gay, Kol Nidrei extrait de l’album Origine(s)

Sonia Wieder-Atherton, Prière juive extrait de l’album Chants juifs

Simon & Garfunkel, The sound of silence

Source

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

You may use these <abbr title="HyperText Markup Language">html</abbr> tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

*