Romain, étudiant en socio de 18 ans au visage androgyne, se cherche une radicalité et croit entrevoir dans le monde du porno un espace de liberté et de provocation. Idéaliste et un peu candide, il pense pouvoir révolutionner le porno de l’intérieur. Mais rapidement il déchante et se heurte à la banalité de ce milieu.
Après les documentaires et les écrits, Ovidie se lance dans l’écriture et la réalisation d’une série pour CanalPlus. Dans Des gens bien ordinaires, la réalisatrice inverse les rapports hommes-femmes et porte un regard unique sur la banalité du sexisme ordinaire avec pour toile de fond l’industrie de la pornographie.
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La pornographie comme rebellion
« Je ne voulais pas que le personnage de Romain soit érotisé. Son genre est ambigu et on est dans un monde dystopique ou les genres sont inversés, mais où les garçons ne singent pas les filles et les filles ne singent pas les garçons. J’ai juste décidé d’oublier le genre de chacun. Le héros de la série est un garçon assez pur et naïf dans son approche de la sexualité. Il a 18 ans, c’est l’âge de la sortie de l’adolescence, mais aussi celui auquel on peut prendre des décisions qui vont nous marquer à vie. En décidant naïvement de se rebeller en faisant des films pornographiques, il provoque son propre suicide social. » Ovidie
Montrer les à-côtés du X
« Le personnage principal de la série a grandi dans la France pavillonnaire des classes moyennes de province. C’est ce milieu que j’avais envie de représenter, parce que c’est mon milieu social d’origine, et que ça me permettait d’abolir un certain nombre de clichés. La quasi-totalité des séries que j’ai pu voir concernant l’industrie du X me paraissaient complètement déconnectées, ne se focalisaient que sur la part sexuelle, et n’abordaient pas les sujets que je trouvais réellement intéressants : elles ne montraient pas les à-côtés. J’ai voulu représenter ces à-côtés, mais pour les accueillir, il fallait planter ce décor et ce personnage. Dans cette série il s’agit de parler du parcours extraordinaire d’un personnage ordinaire, dans un milieu qui l’est tout autant. » Ovidie
Produit du spectacle versus révolution
« La question qui me hante depuis 20 ans est de savoir si on peut vraiment créer des oeuvres politiques en étant soi-même un produit du spectacle. Faire des films, des podcasts, écrire, ce sont mes seules armes, et je ne sais pas faire grand-chose d’autres dans la vie, mais jusqu’à quel point ne sont-elles pas vaines ? J’essaie à mon petit niveau, d’apporter de l’eau au moulin, tout en ayant conscience qu’on ne peut pas faire la révolution quand on est un produit de l’industrie spectaculaire. Quand on appartient au sérail, peut-on encore prétendre être révolutionnaire ? » Ovidie
Archive
Judith Butler, émission La suite dans les idées, Sylvain Bourmeau, 25/05/2005
Références Musicales
Poison girls, Riot in my mind
Eartheater, How to fight
Paru en premier sur Radio France