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Ludovic Lagarde : « Pour moi, incarner la dimension abstraite du théâtre est une démarche essentielle »

categorie litterature Ludovic Lagarde : "Pour moi, incarner la dimension abstraite du théâtre est une démarche essentielle"

Durant une représentation rythmée par la musique où sont convoqués Freud, Œdipe, Piggy la cochonne et le philosophe Heidegger, l’actrice Christèle Tual se transforme sous les yeux des spectateurs à mesure qu’elle profère le texte d’Elfriede Jelinek. Au centre de son pamphlet politique, l’écrivaine autrichienne fustige les failles des démocraties occidentales où se trouve surtout la figure de Donald Trump, jamais nommé et pourtant aux avant-postes.

Sur la voie royale d’ Elfriede Jelinek est paru chez Arche éditeur

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L’échec d’une intellectuelle comme préambule à sa réflexion

« Dans ce texte, Elfriede Jelinek se sert de la métaphore du voyant aveugle. En fait, elle se projette elle-même dans le texte comme un oracle aveugle et c’est aussi la métaphore de l’artiste, de l’écrivain qui ne comprend pas très bien ce que l’histoire est en train de lui réserver comme surprise. Dans le texte, il y a une sorte d’autocritique, car elle fait partie d’une génération de l’après-guerre autrichien. Son père a connu le nazisme, et elle a vécu cet après-guerre comme une intellectuelle engagée dans le monde. Elle croyait dans la force de l’art et de la pensée, mais elle s’est rendue compte que l’histoire revient « en farce ». Elle vit tout cela comme un échec intime, comme l’échec d’une intellectuelle face à l’histoire : c’est le préambule à sa réflexion. »

Christèle Tual dans la pièce « Sur la voie royale », mise en scène de Ludovic

– Gwendal Le Flem

Travailler sur plusieurs pistes pour incarner une langue

« Avec Christelle Tual, cela fait très longtemps qu’on travaille ensemble, on a traversé beaucoup d’expériences et on ne part pas de zéro. La première fois que je l’ai vue elle jouait déjà un texte de Jelinek. Elle a donc une familiarité avec le langage de cette autrice. On a une confiance mutuelle et du coup cela va beaucoup plus vite. Ensuite, sur ce projet, j’ai voulu faire une chose un peu étrange. J’ai commandé une musique au compositeur viennois Wolfgand Mitterer, car j’avais l’idée que la pièce partirait de la musique, mais à cause du Covid on n’a pas pu travailler en direct. Alors, Wolfgand Mitterer m’a demandé de lui envoyer un enregistrement et il a littéralement composé une musique sur mesure.

Couturer pour incarner le texte

« J’avais l’intuition qu’il fallait qu’on travaille sur des pistes différentes. Tout d’abord, la mise en scène qui se couture sur l’actrice. Ensuite, il y a le travail sur l’image et la vidéo, puis le travail musical. J’ai essayé de faire que ces pistes soient autonomes, qu’elles convergent en même temps et créent des rendez-vous qui incarnent la langue. »

Ludovic Lagarde

– Bruno Gellert

Archives

Elfriede Jelinek, émission A voix nue, Christine Lecerf, France Culture, 03/03/2005

Valérie Dréville, émission Une saison au théâtre, Joëlle Gayot, France Culture, 30/09/2018

Falk Richter, vidéo enregistrée à l’ Odéon-Théâtre de l’Europe – Paris, le 21/02/2019

Références musicales

Tsirihaka Harrivel et Vimala Pons, Effeuillage

Bogdan Raczynski, Dlaed

Paru en premier sur Radio France

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