A l’invitation de Satoshi Miyagi et du Shizuoka Performing Arts Centre (SPAC) à Shizuoka pendant le premier confinement, Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou ont mené une quatrième aventure ensemble au Japon, en mettant en scène la Cerisaie de Tchékhov. Dans une distribution composée à la fois de comédiens japonais et français, les deux metteurs donnent à voir que le théâtre de Tchekhov est plus vaste que l’histoire qu’il raconte, et que par le prisme de La cerisaie un regard peut être posé sur notre présent commun.
Une pièce comme représentation du monde
Ce qui nous a plus dans cette pièce, c’est qu’elle est très hospitalière, car elle accueille toutes les possibilités de théâtre. Le centre de notre projet était d’accueillir des théâtralités différentes à travers les corps et les esprits des comédiens qu’on a réunis. Ils sont tous différents, qu’ils soient japonais ou français, mais ils jouent ensemble. On ne pouvait pas trouver de représentation plus exacte du monde qu’on pressentait chez Tchekhov, à savoir, une extrême diversité, un désordre infini, une incompétence universelle, et en même temps beaucoup de vie, d’amour de sentiments et d’humanité.
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Trouver les signes du vivant au-delà du texte
Jouer dans les deux langues et considérer que ce n’était pas un problème, c’était une forme de gageure. On a voulu voir comment ça allait fonctionner, et quelle organicité allait émerger. On s’est rendu compte assez rapidement que ce n’était pas un obstacle, et même les comédiens qui avaient peur de ne pas se repérer dans la langue de l’autre, ne serait-ce que pour comprendre à quel moment ils devaient parler, l’on très vite comprit. En fait, en plus de la parole, il y a beaucoup d’autres langages et circulations possibles entre les êtres vivants, et c’est le vivant qui prend le dessus. Etre au Japon et vivre cette expérience d’être projeté hors de notre bain culturel, nous a permis de monter « La cerisaie » sans tchekhovisme. De plus, le bain d’altérité nous a amenés à porter notre attention sur les signes du vivant qui se manifestait à travers l’expérience du texte, au-delà du littéraire.
Extraits
La Cerisaie de Tchekhov, mise en scène de Daniel Jeanneteau et Mammar Benranou, T2G, 2022
Archives
Françoise Morvan, émission Les chemins de la philosophie, Adèle Van Reeth, France Culture, 28/02/2019
Satoshi Miyagi, émission Hors champs, Laure Adler, France Culture, 04/12/2014
André Markowicz, émission Les chemins de la philosophie, Adèle Van Reeth, France Culture, 28/02/2019
Références musicales
Maïa Barouh, Hanakasa
Kazu Makino, Name and Age
Paru en premier sur Radio France