Cette nouvelle création d’Émilie Rousset a pour point de départ des archives, des documentaires, des enregistrements et des vidéos. Après avoir remixé une sélection d’échanges politiques en compagnie de Louise Hémon dans Rituel 4 : Le Grand débat, elle s’intéresse dans Playlist Politique à l’utilisation de la musique dans les grands événements publics. Du parcours d’Emmanuel Macron à celui d’Angela Merkel, la metteuse en scène interroge notre mémoire collective.
Retrouvez le spectacle aux Points Communs, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise du 7 au 9 février 2023.
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Un ordinateur mis en scène
« Le projet part d’une commande. Ce qui m’intéresse avec cette idée c’est comment l’artiste va à la thématique et la ramène à soi. Et aux vues de ce dont on allait parler, cela me sembler intéressant de montrer par où on regardait ces images de mises en scène politiques et par où on écoutait ces musiques dans ces mises en scènes. Pour moi, et je pense pour beaucoup, c’est aussi l’ordinateur et cette arborescence de recherches qui nomment aussi un imaginaire et des bifurcations. Voilà pourquoi la mise en scène a pris ce chemin-là. Et pour mettre en scène cet ordinateur scénarisé, j’ai travaillé avec la réalisatrice Gabrielle Stemmer qui fait ce qu’on appelle du desktop movie. Ce sont des films qui se passent exclusivement sur le bureau de l’ordinateur et dans l’immense boîte à archives qu’est internet. » Emilie Rousset

Incarner une pensée d’intellectuel sur scène
« J’aime beaucoup les discours d’intellectuels ou de spécialistes, de personnes qui ont une pratique singulière. Ce qui me passionne dans les textes que cette pensée produit c’est leurs manières de parler de leurs sujets d’étude. On retrouve des vocabulaires particuliers et beaucoup de passion. C’est souvent l’histoire d’une vie de recherches. Je trouve que ça donne des matières théâtrales et poétiques assez singulières. Je pense notamment à la rencontre avec Esteban Buch, tout ce qu’il m’apprend sur l’histoire de l’hymne européen qui est muet – sans paroles. Le fait d’incarner un intellectuel sur scène interroge ce que cela peut produire émotionnellement de rencontrer ses idées. En tout cas moi dans cette recherche-là, je suis allée de désillusion en désillusion. J’ai trouvé que ce n’était pas un sujet facile à éprouver. » Emilie Rousset
Un autre temps de regard et d’écoute
« Je vois souvent les archives ou les matériaux qui composent les pièces comme des choses physiques qu’on manipule. C’est un peu comme pour créer une sculpture. Il s’agit de pouvoir regarder sous plusieurs angles qui ne nous sont pas montrés, qu’on n’a pas la capacité d’appréhender, de toucher quand ils nous sont proposés dans la réalité ou par un autre média en fait. Il me semble que le théâtre peut ouvrir cet espace-là. C’est-à-dire qu’on peut créer un autre temps de regard, des ouvertures de regard, des autres temps d’écoute. C’est comme ça que j’aime utiliser la scène. » Emilie Rousset
Archives
Esteban Buch, émission Surpris par la nuit, Alain Veinsten, France Culture, 23/02/2000
Peter Watkins, émission Projection privée, Michel Ciment, France Culture, 04/07/2004
Gwenaël Morin, émission Par les temps qui courent, Romain de Becdelièvre, France Culture, 08/05/2018
Références musicales
Steve Wonder, Past time Paradise, interprété p ar la Queerale
Herbert von Karajan, Ode à la joie, par l’Orchestre philarmonique de Berlin
Paru en premier sur Radio France