Cet entretien s’inscrit dans la série « Drôles d’essais » réunissant des livres qui se situent au croisement de la théorie, des arts et de l’expression personnelle. Dans cette série, nous réunirons, au fur et à mesure de leur diffusion à l’antenne, les entretiens réalisés avec leurs auteurs et leurs autrices.
Trilogie Terrestre réunit trois textes qui sont le fruit d’un processus d’écriture singulier que mènent depuis plusieurs années Frédérique Aït-Touati et le philosophe Bruno Latour. A travers l’expérience scénique, l’histoire des sciences, la politique mais aussi les sciences de la terre et l’anthropologie, cette trilogie cherche à tester la capacité de ces disciplines à absorber le choc du bouleversement climatique que nous subissons aujourd’hui.
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Frédérique Aït-Touati est également directrice de la compagnie Zone critique. Retrouvez toutes les informations la concernant ICI.

La fiction au service de la science
« Au début, j’ai eu du mal à convaincre Bruno Latour de l’importance de la fiction en sciences, parce que pour lui, la fiction, c’est l’autre de la science : c’est le faux. Finalement, on s’est retrouvés autour de cette conviction qu’il y a une articulation entre fiction et science et que la fiction entendue au sens de fabrication de récits pouvait servir la science. Bruno Latour portait l’idée de fiction dans un sens plus large que moi, à savoir des formes sensibles. Il considérait qu’on ne peut pas dire quoi que ce soit du monde sans passer par des formes sensibles, sans passer par des acteurs et des actants. »
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Le monde, un espace qu’on fabrique
« On croit connaître la terre, on sait ce qu’est un globe, on connaît les cartes, on a des atlas, et c’est parfois plus compliqué de défaire des conceptions occidentales très ancrées. Le théâtre nous permet de questionner toutes nos représentations. Est-ce qu’elles sont bonnes ? Nous permettent-elles de nous situer et de comprendre ce qui nous arrive ? Bruno Latour a essayé de remettre en question un rapport à la terre profondément ancré. Il faut se rendre compte qu’on n’est plus dans un espace, mais qu’on le fabrique, et ce « on » est beaucoup plus large que ce qu’on pensait. On est dans quelque chose constamment fabriqué par des êtres qui produisent leurs propres conditions de survie, depuis les micro-organismes jusqu’à nous-mêmes. »

Archive
Isabelle Stengers, LSD, la série documentaire, Perrine Kervan, France Culture, 11/02/2021
Références musicales
Eric Broitmann, Les chemins de colonne
Nathan Fake, The sky was pink
Thomas de Pourquery, Love in outer space
Paru en premier sur Radio France