Berlin, 1998. Odile, brillante étudiante en archéologie, a été choisie comme assistante scientifique pour l’installation de la grande exposition du trésor de Toutankhamon à Berlin. Ruben quant à lui, est un jeune et velléitaire artiste italien venu y faire la fête. Alors, quand Teresa et Ruben se rencontrent, le destin change pour toujours la trajectoire de leur existence.
Une bande dessinée qui apparait en rêve
« L’histoire a commencé dans ma tête pendant le premier confinement à Paris. Je ne pouvais pas aller à mon atelier qui se trouvait Gare de Lyon. Je commençais, comme beaucoup d’artistes dans cette situation, à cogiter. Il y avait à ce moment-là une exposition sur Toutânkhamon. Et comme j’ai travaillé en Egypte un peu comme Carter avec des archéologues, j’ai repensé à ses découvertes et à son journal que j’avais lu dans ma jeunesse. J’ai donc décidé de le relire. Parallèlement, étant insomniaque surtout à cette époque-là, j’avais essayé l’huile de Millepertuis – Hypericon pour le nom scientifique grec. Et pendant une nuit où j’ai réussi quand même à dormir deux ou trois heures, j’ai rêvé d’une page de bande dessinée. Il y avait deux jeunes gens à Berlin (j’y ai moi-même vécu dans les années 1990) et dans le rêve j’étais la femme. J’ai changé de position sans être surpris par cela. Je regardais le garçon avec moi et j’ai eu le sentiment de tomber amoureux de lui tout de suite. » Manuele Fior
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Dessiner la sexualité
« On fait parfois des distinctions entre pornographie et érotisme. On ne sait pas trop où sont les limites entre tout montrer et cacher un petit peu. Le problème, c’est d’encadrer les choses avec un avant et un après. C’est ça qui crée une tension liée au désir. La situation est très importante. La pornographie parfois rate la contextualisation. Ce n’est pas tant la dimension explicite que le cadrage qui n’est pas bien. Je me suis dit que je n’allais rien cacher, car cela n’aurait eu aucun sens. Mais quand on se met à dessiner, pour montrer, il faut vraiment regarder là où les choses se passent. Donc on a toujours un pied dans la pornographie et un pied autre part. Il faut chercher et trouver des situations différentes. » Manuele Fior
Petit éloge du gris
« La perception du gris change selon les autres couleurs qui sont à côté. Par exemple, si on met de l’orange à côté du gris, ce dernier va paraître bleu clair. C’est vraiment comme une illusion d’optique. Le gris c’est aussi la couleur de la ville de Berlin qui en présente une variation continuelle. Quand je parle avec des dessinateurs ou des étudiants en art je leur demande de deviner avec quelles couleurs je fais ce gris-là. Souvent c’est un mélange de rouge et de vert ou, plus classique : l’orange et le bleu. D’un point de vue conceptuel, le gris est une contraposition de couleurs complémentaires. C’est-à-dire, les couleurs les plus lointaines l’une de l’autre. Il y a des gris plus chauds, d’autres plus froids. » Manuele Fior
Archives
Jean Topart, émissionHistoires possibles et impossibles, France Inter, 23/02/1997
Stéphane Goudet, émission Ciné Club, France Culture, 15/07/1998
Paul Delvaux, émission L’invité du lundi, François Le Targat, France Culture, 26/06/1978
Lorenzo Mattotti, émission Double culture, Tewfik Hakem, France Culture, 27/01/2006
Références musicales
Bande originale du documentaire Quand les Berlinois dansaient entre deux murs, Felix Denk, Gunther Kreis, Rolf Lambert et Sven Vön Thulen
Kaiserbase, Berlin du bist so wunderbar
Bernardo Sassetti, Ernesto misterioso obsesivo
Squarepusher, Tommib
Jan Garbarek, In praise of dreams
Paru en premier sur Radio France