Depuis qu’elle a déménagé, cette fratrie découvre que tous les habitants du village se transforment en créatures fantastiques à minuit. Un frère et une sœur « protecteurs de monstres » partent en mission dès la nuit tombée. C’est le troisième épisode de l’ étrange noël de France Culture pour « Par les temps qui courent » !

Tout est étrange dans ce monde
« J’ai le sentiment que tout m’est étranger. Tout est objet de curiosités et d’interrogations, je ne m’habitue un petit peu à rien. Je me dis toujours que les humains font des choses un peu bizarres et c’est ça qui me donne des idées et des associations d’idées. Quand je vois les gens dans la rue ou d’autres qui font des comparatifs d’assurance j’ai l’impression de regarder un documentaire à la télévision et de ne pas bien comprendre. C’est comme si j’étais une extraterrestre arrivée sur terre et qui découvrait les choses. Je pense que ça dure depuis toujours chez moi. C’est ce qui fait qu’on développe un monde intérieur, qu’on s’imagine des histoires. Tout est prétexte à l’amusement parce qu’on est déconcertés. J’aimais bien voir que sur les territoires inconnus des cartes médiévales on écrivait Hic Sunt Dracones qui signifie « ici sont les dragons » parce qu’on n’avait pas exploré ces endroits-là. Alors qu’aujourd’hui on a des GPS et avec notre téléphone, on peut aller n’importe où. » Clémentine Mélois
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Écrire pour les enfants n’est pas écrire pour les adultes
« Pour moi, écrire des livres pour enfants est une affaire très sérieuse. J’y mets tout mon cœur, toutes mes références et ma culture. On s’imagine peut-être que quand on écrit un livre pour enfant on se fiche des références et que tout peut se résumer à « cot cot la petite poule est très contente ». Mais on peut faire advenir autre chose derrière cette petite poule. Effectivement, un enfant qui aime un livre le relira et le relira encore. Les livres que j’ai lus quand j’étais enfant, notamment ceux de Roald Dahl sont fondateurs pour moi. En tant qu’auteure, c’est très différent d’écrire pour les adultes et écrire pour les enfants. Pour les adultes, il faut trouver des choses nouvelles. Tandis que pour les enfants, il y a des ingrédients. Pour une autre série de livres pour enfants que j’écris, j’appelle le style du « lyrique foireux ». C’est-à-dire que je me permets d’en faire des caisses. Du point de vue littéraire c’est un plaisir. Peut-être le plaisir de la reconnaissance puisqu’on peut faire revenir plein de choses. » Clémentine Mélois

L’univers des contes et des monstres dans l’écriture
« Je m’intéresse aux figures de monstres parce qu’elles font parties des histoires. Elles sont dans les contes avec les dragons et les sorcières. C’est une fantasmagorie qui fait rêver et qui fait peur aussi. Dans mon enfance, j’aimais beaucoup les contes de Perrault qui étaient terribles puisque par exemple, l’ogresse mangeait ses enfants. Il y avait aussi l’ogre avec un grand couteau. Je pense aussi à la légende de Saint Nicolas où trois enfants arrivent chez le boucher qui finit par les cuisiner tous les trois en petit salé. Je crois qu’on aime bien ce qui est terrifiant quand on est au chaud sous une couverture avec des parents aimants et un feu dans la cheminée. On aime se faire un peu peur comme ça avec le monde du dehors. Tout ce qui est de l’ordre de la féérie nourrit l’imaginaire. Je mélange des choses très quotidiennes, du banal avec le fantastique des contes et ça produit quelque chose où on peut se projeter en tant que lecteur. » Clémentine Mélois
Archives
Roald Dahl, interrogé au micro de Frank Delaney, BBC radio, 18/10/1982
Bernard Heuvelmans, émission Nuits magnétiques, Jean-Pierre Ceton, France Culture, 30/10/1980
Christian Boltanski, émission L’heure bleue, Laure Adler, France Inter, 06/11/2019
Références musicales
Bof, the village
Zinée, Zinée club
Philippe Katerine, Interlude
Hugues Le Bars, L’enfant
Aphex Twin, Alberto Balsalm
Paru en premier sur Radio France