
Cet essai d’histoire de l’art met au premier plan de multiples figures féminines telles que les deux photographes américaines Francesca Woodman et Vivian Maier. Dans cet ouvrage, l’auteure questionne en quoi elles peuvent nous aider à traverser des épreuves telles que la séparation et la mort tout en gardant espoir et joie créatrice.
L’essai, une forme littéraire exigeante
« Mon cœur balance entre la théorie et la littérature, depuis que je lis l’une et l’autre. L’essai est un endroit qui permet de faire une place à une relation intime au savoir et à la connaissance. Il y a une éthique de l’essai à mettre en place et à respecter pour soi-même : d’un côté, on doit renoncer à la possibilité d’une exhaustivité de ses connaissances, surtout quand on travaille sur des temps très longs, d’un autre côté, il faut réussir à avoir avec soi-même une honnêteté intellectuelle, afin de ne pas produire un demi-savoir. L’essai est une forme qui me correspond, car ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant le résultat d’une pensée que le phénomène qui consiste à penser. »
Publicité
Une solitude intérieure et créatrice
« Le point commun entre Francesca Woodman, Viviane Maier et Emilie Dickinson, c’est qu’elles oeuvrent à partir d’une solitude très grande, ce qui ne les empêche pas d’avoir une vie familiale et sociale et professionnelle. Pour faire œuvre, elles n’ont pas eu besoin de se couper du monde, et l’ermitage qu’on peut inventer, il peut être en soi. Elles avaient, comme tout le monde, besoin d’être entourée, car une solitude absolue est terrible pour créer. Elles ont réussi à concevoir les lieux inoccupés à l’intérieur d’elles-mêmes, et à faire rayonner autour d’elles cette solitude de la création qui nous est aussi nécessaire. »
Se connecter aux temps éloignés à travers les images
« Je passe mon temps à collectionner les images, à acheter des livres d’occasion, des catalogues de bijoux d’antiquité et de fresques médiévales : j’en ai partout. En fait, j’adore faire travailler ensemble des images de temps différents. C’est ce que j’ai voulu un peu faire dans le carnet iconographique du livre. A certains moments il y a des effets de miroir et d’écho entre deux images, qui souvent appartiennent à des temps très distincts et apparemment sans commune mesure. Je trouve cela très beau et cela m’aide à vivre de rechercher des motifs qui se parlent depuis des temps éloignés, parce que cela me met en lien avec une longue histoire à laquelle j’appartiens en tant qu’espèce. »
Archives
Hélène Giannecchini, émission Par les temps qui courent, Marie Richeux, France Culture, 18/02/2020
Michelle Perrot, émission L’humeur vagabonde, Kathleen Evin, France Inter, 29/12/2014
Lecture
Ovide, Les Métamorphoses (10, 64-105)
Références musicales
Bendik Giske, High
Meredith Monk, Atlas Lonely Spirit
November Ultra, Bedroom Walls
Eartheater, Bringing me back
Paru en premier sur Radio France