Flavien Berger
Album : Dans cent ans
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Dans cent ans n’est pas un disque, c’est un talisman. Flavien Berger ne fait pas de musique, il fabrique des machines à voyager dans le temps. En 2015, après avoir étudié le design sonore à l’ENSCI et imaginé des installations visuelles avec le collectif_sin~, le musicien publiait Leviathan, album imaginé comme un moment suspendu dans les entrailles du présent. En 2018, Contre-Temps, son deuxième disque très remarqué était, quant à lui, cet album flashback, où la musique – comme une odeur – faisait jaillir des souvenirs enfouis.
Dans cent ans vient aujourd’hui, toujours sur le label Pan European avec la complicité d’Arthur Peschaud, clore cette trilogie en s’élançant vers le futur. Et il le fait avec la grâce d’un serpent venimeux. Alors qu’il venait de réaliser le dernier album de Pomme (Consolation) au Québec et composait, en parallèle, la musique du film de Céline Devaux (Tout le monde aime Jeanne), ce troisième disque a été enregistré en autarcie, et en 6 mois. Dans la mansarde d’une maison belge en travaux, 12 titres sont nés près du ciel, à la fois directs et mystérieux. Des morceaux où rien n’est en trop, et où tout ensorcelle. D’abord parce que Flavien Berger sait rendre sensuelles les machines (le pop D’ici là en est un exemple-clé) et ose entrelacer électro, chanson française et musiques savantes, instruments organiques et chœurs synthétiques, sans que rien ne soit jamais parodique. Ensuite, parce que sa voix, plus précise et proche que jamais, nous raconte à l’oreille — à l’aide d’assonances (« Trop ivres pour te plaire / Tropiques du cancer ») et d’images surréalistes (« La neige restera rose ») — des histoires qui semblent chaque fois inconnues et pourtant évidentes. Parmi elles, le rêve du papillon de Tchouang-Tseu (莊子, enregistré avec un talkie-walkie), le si doux Jericho (où la voix androgyne de Flavien Berger brouille les pistes du genre) ou encore l’absurde Pied de biche, qui rappelle au passage que, chez le musicien, tout est d’autant plus poétique que l’amour se mêle toujours d’humour. Comme s’il s’agissait d’une pyramide de verre, on trouve aussi sur ce disque des échos aux précédents. Le diabolique 666666 apparaît comme un miroir de 88888888 et 999999999, quand les appels d’airs qu’étaient Léviathan et Contre-Temps trouvent leur conclusion dans l’ample Dans cent ans – épopée de 15 minutes où voix, instruments à vent et machines dialoguent, comme si Etienne Daho, Debussy et un derviche indien se rencontraient en rêve et, dans une maison orange envahie par les eaux, faisaient de la musique ensemble. À la fin de l’écoute, le vertige amoureux et la collision des temps ne font qu’un, et nous ne sommes plus que des feux follets. Dans cent ans, la musique nous survivra et sa beauté, dangereuse, réveillera d’autres vies que les nôtres. En attendant, Flavien Berger se charge de les étourdir.
Thomas de Pourquery
Carte blanche au Printemps de Bourges
Il a carte blanche – et tout un palais à disposition. On connaît bien le chanteur compositeur et saxophoniste Thomas de Pourquery pour sa curiosité sans bornes. Vu tant aux côtés de Jeanne Added que Metronomy ou Oxmo Puccino, il s’est également fait remarquer pour son superbe album dédié au maître du jazz cosmique Sun Ra et avec son groupe Supersonic. Pour prolonger son épopée astrale, le voilà qui nous invite dans un espace-temps nouveau. Dans ses mains, le palais gothique flamboyant Jacques Cœur deviendra un vaisseau spatial, dans lequel le public déambulera , en apesanteur , pour un voyage psyché-galactico-médiéval . Avant un climax dans la salle des festins, durant lequel Thomas de Pourquery présentera son nouveau groupe et les prémices d’un nouveau répertoire plus pop que jamais, mais toujours aussi aventureux, retrouvant ses fidèles amis et fabuleux musiciens Sylvain Daniel et David Aknin à la rythmique, ainsi que le synthé et saxo fou d’Étienne Jaumet (Zombie Zombie), et les claviers stratosphériques d’Akemi Fujimori (Naïve new beaters) .
Boris Vedel
Directeur général du Printemps de Bourges
Pour cette 47ème édition du Printemps de Bourges, Boris Vedel se réjouit : « On a pu faire une programmation en totale liberté. On a vraiment voulu se faire plaisir ; faire plaisir aux festivaliers d’abord, et puis à nous aussi, avec des arrangements de plateaux et de lieux un peu différents. J’ai l’impression qu’on propose plein de choses… Pour tout le monde ! »
Des jeunes Inouïs aux artistes plus confirmés, la programmation promet de beaux moments : « Entre M, Lomepal, Bob Sinclar ou encore Lorenzo, Gazo en rap ou La Femme en pop/rock, je pense que vraiment il y a des artistes qui sont référents dans toutes les esthétiques possibles de musiques actuelles. C’est beaucoup d’efforts pour pouvoir accueillir ces artistes » confirme Boris Vedel. « Parce que ce sont des scénographies énormes ! Ce n’est pas M ou Lomepal dans un festival que vous allez voir, c’est vraiment un concert comme ils les jouent dans les Aréna ou les Zénith » promet le patron du Printemps.
Podcast paru sur France Inter en premier. Pour retrouver tous les